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LA FRANCE ET SA VIOLENCE, LE JAPON ET SA DOUCEUR








































Violence. Il y a comme un poison de violence qui s’est instillé dans les veines de la vie quotidienne de notre pays. On ne peut rester indifférent face aux illégitimes démonstrations de supporters de clubs de football. Personne ne peut négliger ce qui est arrivé, l’autre jour, au Red Star, à la ministre Roxana Maracineanu. On lui crache dessus, on l’insulte, on manquerait presque de la tabasser : «Casse-toi !» Le président de la Fédération française de football, Noël Le Graët, a eu, à ce propos, un discours d’une tiédeur attristante. Par ailleurs, personne n’est indifférent à la vision de ces usagers dans les gares et les stations de métro. Exaspérés – et on les comprend – par la difficulté de se déplacer, ils se bousculent, au point que l’on redoute je ne sais quel incident physique grave. Ce ne sont pas seulement les circonstances de la longue grève qui expliquent cette contagion, c’est un air du temps nocif auquel il faut s’opposer. Nous avons tous appris que Noël était une fête du cœur, de la générosité. De grâce, ne l’oublions pas.

Poésie. Au milieu de ce tohu-bohu actuel, je rencontre une poétesse japonaise, de passage à Paris, Madoka Mayuzumi. Elle enseigne le haïku à des Français lors de chacune de ses visites. Cet art, si précieux, pratiqué depuis des siècles, a pour principe d’exprimer, en dix-sept syllabes, la force des saisons et l’importance de la nature. Bouleversée notamment par la catastrophe de Fukushima, le 11 mars 2011, la poétesse la plus célèbre du Japon, a recueilli les haïkus écrits par les survivants de cette calamité. J’espère que ce livre sera un jour traduit. En attendant, il nous est possible de lire ses quatre-vingt-quatre Haïkus du temps présent (éd. Picquier) dont celui-ci :

«Devant les cerisiers en fleur

On ne peut douter

Des lendemains.»

Environnement. Le 8 novembre dernier, à la mairie de Pressagny-l’Orgueilleux (Eure), a été créée l’Association culturelle des bords de Seine. Il s’agit, tout simplement, de préserver et protéger les promenades le long des berges peintes par les impressionnistes. Ce sont des lieux paisibles, à la végétation belle et diverse. Or, un projet de relier Vernon jusqu’aux Andelys par une voie pour vélo a été rendu public. L’association souhaite «éviter toute coupe arbitraire». C’est un intéressant débat : comment concilier le vélo, objet écologique, avec la sauvegarde d’un paysage historiquement illustré par Pierre Bonnard et les autres.

Cinéma. Les Chroniques cinématographiques de Bernard de Fallois – sous le pseudonyme de René Courtade –, de la fin des années 1950 au début des années 1960, paraissent aux éditions de Fallois. Un ton, un style : Fallois savait saluer le talent nouveau de Jean-Luc Godard («moments de vérité surprenants», à propos d’A bout de souffle) et reconnaître celui des grands auteurs classiques, comme René Clair ou encore Jacques Becker. A la page 218, on trouve la meilleure analyse jamais faite sur le chef-d’œuvre de Federico Fellini, La dolce vita. Fallois ne s’était pas trompé. Il avait écrit son article, alors que la rumeur courait que le réalisateur était rejeté par les critiques. Or, le jury du Festival de Cannes, présidé par Georges Simenon, décida de lui attribuer la Palme d’or. C’était en mai 1960.

Littérature. La «rentrée» de janvier s’annonce, avant même que s’achève la «saison des prix». Les nouveaux livres détrôneront-ils la moisson d’automne (Sylvain Tesson, Karine Tuil, Jean-Paul Dubois, Amélie Nothomb…) ? Rien n’est moins sûr. Je signale la sortie, en Folio (donc en format de poche, moins cher et accessible à tous) du Lambeau de Philippe Lançon. A lire ou à relire. Ce genre d’ouvrage ne vieillira jamais.

Je vous souhaite un très joyeux Noël, malgré tout. A très bientôt.


Originally published at: https://www.cnews.fr/monde/2019-12-20/la-semaine-de-philippe-labro-la-france-et-sa-violence-le-japon-et-sa-douceur-910391

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